La prévention et la gestion des maladies transmises par les tiques ne bénéficiaient que peu d’attention, mais elles représentent désormais un défi majeur pour la santé publique. L'incidence de la borréliose de Lyme, mesurée par le réseau Sentinelle, a considérablement augmenté, passant de 51 cas/100 000 habitants en 2015, à 84 cas/100 000 habitants en 2016. Cette augmentation pourrait s'expliquer en partie par une meilleure connaissance de la maladie. Néanmoins, de nombreuses incertitudes scientifiques subsistent et concernent principalement l'entomologie, l'épidémiologie, les co-infections potentielles, et les stratégies de diagnostic et de traitement. Ces incertitudes donnent parfois lieu à des débats féroces, voire brûlants, entre les médecins et en direction de la population généralement inquiète, ainsi qu’à une errance médicale substantielle associée à des risques de carences médicales, ou de diagnostics et de prescriptions excessifs.
Le Ministère français de la santé a donc décidé de lancer en
2017 un plan national de prévention et de contrôle de la maladie de Lyme et
d'autres maladies à tiques.
Le plan comprend cinq objectifs principaux et 15
mesures visant à:
•
renforcer la prévention des maladies transmises par les tiques ;
• améliorer la prise en charge médicale des patients et lutter contre l’errance médicale en normalisant les stratégies de diagnostic et de traitement, telles que les modalités de prise en charge au niveau national par la mise en œuvre d'un Protocole national de diagnostic et de soins conçu par l'autorité nationale de la santé (HAS), les sociétés et associations scientifiques;
• améliorer la prise en charge médicale des patients et lutter contre l’errance médicale en normalisant les stratégies de diagnostic et de traitement, telles que les modalités de prise en charge au niveau national par la mise en œuvre d'un Protocole national de diagnostic et de soins conçu par l'autorité nationale de la santé (HAS), les sociétés et associations scientifiques;
• améliorer les connaissances sur les maladies transmises
par les tiques.
Ce plan englobe toutes les composantes d'une politique de
santé publique globale moderne, car il prend en compte les facteurs
environnementaux et entomologiques dans le cadre d'une stratégie One Health. Les objectifs sont de
renforcer la prévention de ces affections, de mettre l'accent sur la prévention
individuelle (comment prévenir les morsures de tiques? Que faire en cas de
morsure de tique? Quand les patients doivent-ils consulter?). Et améliorer la
prise en charge des patients en prenant en compte chaque situation.
Ce plan national a été élaboré en étroite collaboration avec
les associations de patients pour favoriser la démocratie sanitaire,
car je suis convaincu que les patients devraient toujours être écoutés et
qu'ils seraient disposés à modifier leurs comportements, à comprendre les
politiques en matière de santé et à contribuer à façonner les pratiques
médicales si nécessaire. Les progrès scientifiques devront leur être bien expliqués.
Il convient de souligner ici le développement d’un projet
unique: une plate-forme ouverte où chacun peut signaler les morsures de tiques.
Conçue par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avec le
soutien de la Direction générale de la santé, cette plate-forme complète la
surveillance épidémiologique habituelle dans le cadre d'un projet scientifique
participatif unique (http://ephytia.inra.fr/fr/P/159/Signalement_TIQUE).
Je crois fermement que les témoignages, les souffrances et
les questions des patients doivent être pris en compte pour approfondir notre
connaissance de ces maladies, mais je pense également que les changements dans
les pratiques médicales, ainsi que les projets de recherche thérapeutique et
diagnostique doivent être soumis à la plus grande rigueur scientifique pour valider
de nouveaux protocoles de gestion de la maladie. Ils doivent également être
soumis à une transparence totale en termes d’indépendance des résultats
obtenus.
En tant que responsable de projet pour la rédaction du Protocole
national de diagnostic et de soins (PNDS) pour le compte de la HAS jusqu’à
décembre 2017, je me suis efforcé de garantir cet équilibre délicat mais
essentiel, que je continuerai d'essayer de maintenir en tant que Directeur général
de la santé.
Avec ce plan national, mon objectif est de faire en sorte
que tout soit mis en œuvre pour éviter le déni des souffrances des patients et
la non-prise en compte des patients ayant besoin d'une oreille attentive, mais
aussi de ne pas fermer les yeux sur les symptômes et les troubles décrits par
les patients, les pratiques discutables, les douleurs physiques et émotionnelles
inutiles, et le processus potentiellement long de l’errance médicale. L’autre
objectif est de mobiliser les moyens d’écoute des patients et d’assurer un
jugement médical adéquat basé sur les avancées scientifiques.
Je compte donc sur l’ensemble de la communauté médicale
(professionnels de santé hospitaliers et de proximité) pour structurer
et guider la prise en charge globale et adéquate des patients - de leur
domicile aux centres de référence - et pour améliorer rapidement nos
connaissances de ces maladies fascinantes, mais toujours insuffisamment
connues.
L'auteur déclare qu'il n'a aucun conflit d'intérêt.
Jérôme
Salomon
Directeur
général de la santé
14,
avenue Duquesne, 75350 07 SP Paris, France
Traduit d’après : The Lyme disease plan of the French Directorate General for Health – Jérome Salomon, Médecine
et maladies infectieuses, 30/12/2018.