Le point de vue présenté
par les Drs Shapiro et Wormser sur la maladie
de Lyme [1] contenait des déclarations qui ne sont pas entièrement en phase
avec les données actuelles des connaissances.
Par exemple, les
auteurs déclarent que «la grande majorité
des patients atteints de la maladie de Lyme (≥ 90%) développent la lésion
cutanée caractéristique, l'érythème migrant». Selon les Centres de contrôle
et de prévention des maladies d’Atlanta (CDC), seuls 70% à 80% des patients déclarés auprès du système de
surveillance font un érythème migrant [2]. Schutzer et ses collaborateurs
affirment qu’il est possible que l’érythème migrant ne se produise pas, ou ne
soit pas reconnu dans 30% des cas [3], et des études ont relevé des variantes
inhabituelles de l’érythème migrant.
Le grand public et
même certains cliniciens ont du mal à trancher si une éruption cutanée est un
érythème migrant. Aucott et ses collaborateurs ont rapporté que, sur 3074
personnes participant à une enquête d'identification des éruptions cutanées
[4], 72,7% avaient correctement identifié l'éruption cutanée typique d'érythème
migrant associée à la maladie de Lyme, tandis que 24,2% avaient incorrectement
identifié une réaction de morsure de tique comme étant un érythème migrant.
Si 20,5% des
participants de cette étude ont correctement identifié les quatre éruptions
cutanées non classiques incluses dans l'enquête, un pourcentage important de
personnes ont du mal à les identifier et ne demanderait peut-être pas une
assistance médicale rapide [4]. Ces personnes courent un risque accru de développer
des séquelles plus graves de la maladie de Lyme, telles que le Syndrome
post-traitement de la maladie de Lyme, ou PTLDS, qui n’a pas été abordé dans
l’article de Shapiro et Wormser .
Les Drs Shapiro et
Wormser ont également écrit qu'«il existe
une idée fausse et répandue selon laquelle la faible sensibilité des tests
ELISA pour la maladie de Lyme est une limitation majeure». Les tests à deux
niveaux, en début de maladie de Lyme ne sont sensibles qu'à 40%, et leur
sensibilité augmente uniquement à 67,5% après le traitement antibiotique [5].
Une mauvaise qualité du test diagnostic au début de la maladie de Lyme est
problématique, car les évolutions cliniques positives sont associées à un
diagnostic et la mise en place d’un traitement le plus tôt possible.
Les auteurs
ajoutent ensuite: «Cependant, le problème
ne se pose que si les cliniciens s’appuient à tort sur des tests sérologiques
pour poser un diagnostic de maladie de Lyme chez des patients atteints
d’érythème migrant, ce qui précède généralement le développement d’anticorps
détectables». La plupart des patients ne se souviennent pas d’une morsure
de tique, 20 à 30% des patients ne présentent pas d’érythème migrant [2], et
toutes les éruptions cutanées qui ressemblent à un érythème migrant n’en sont
pas toujours [3].
Ainsi, les
cliniciens doivent souvent s’appuyer sur les antécédents d’un patient, associés
à des tests sérologiques, pour obtenir un diagnostic opportun et précis.
Scott Santarella, BA;
Timothy J. Sellati, PhD
Références :
1. Shapiro
ED, Wormser GP. Lyme disease in 2018: what is new (and what
is not). JAMA. 2018;320(7):635-636. https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2696480
2. Centers
for Disease Control and Prevention. Signs and symptoms of untreated Lyme
disease. https://www.cdc.gov/lyme/signs_symptoms/index.html.
3. Schutzer
SE, Berger BW, Krueger JG, Eshoo MW, Ecker DJ,
Aucott JN. Atypical erythema migrans in patients with PCR-positive
Lyme disease. Emerg Infect Dis. 2013;19(5):815-817. https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/19/5/12-0796_article
4. Aucott
JN, Crowder LA, Yedlin V, Kortte KB. Bull’s-eye
and nontarget skin lesions of Lyme disease: an Internet survey of
identification of erythema migrans. Dermatol Res Pract.
2012;2012:451727. https://www.hindawi.com/journals/drp/2012/451727/
5. Lahey
LJ, Panas MW, Mao R, et al. Development of a
multiantigen panel for improved detection of Borrelia burgdorferi
infection in early Lyme disease. J Clin Microbiol.
2015;53(12):3834-3841. https://jcm.asm.org/content/53/12/3834
D’après : Controversies About Lyme Disease. S. Santarella
and T. J. Sellati, Comment &
Response, JAMA.
2018;320(23):2481-2482.