La maladie de Lyme et ses maladies associées, principalement véhiculées par les tiques, ont pris depuis les années 1970 une tournure épidémique.
Suivant les régions d'Europe 2% à 40% des tiques sont porteuses de bactéries appartenant au genre Borrelia. Lors de la piqûre, la tique peut transmettre à l'homme cette bactérie responsable de la maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme.
Suivant les régions d'Europe 2% à 40% des tiques sont porteuses de bactéries appartenant au genre Borrelia. Lors de la piqûre, la tique peut transmettre à l'homme cette bactérie responsable de la maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme.
En 2017, les autorités de santé rapportaient
en France, pour cette seule année, 54 000 nouveaux cas
pour les formes aiguës de la pathologie qui se
déclarent peu après la piqûre par l’arthropode, avec l'apparition typique
(mais pas systématique) d’un anneau violacé centré sur la lésion et qui va s’étendre rapidement au
niveau cutané (l’érythème migrant), accompagné de douleurs pseudo-grippales. À ce stade, le traitement est alors une antibiothérapie de deux ou trois semaines, efficace quand il est ainsi donné à temps.
Ce nombre de cas prend également en compte certaines formes graves, et d’évolution rapide, qui atteignent le système nerveux, les neuroborrélioses.
Ce nombre de cas prend également en compte certaines formes graves, et d’évolution rapide, qui atteignent le système nerveux, les neuroborrélioses.
Les formes tardives ou
disséminées, que nous appellerons chroniques, ne sont pas intégrées dans ce décompte, mais elles contribuent probablement à un
nombre au moins équivalent de nouveaux cas chaque année dans l’hexagone, comme l’indique la revue Science et Santé de l'INSERM dans son numéro de septembre-octobre 2017.
Ramené au nombre d'habitants, l’ordre de
grandeur de l’épidémie est comparable à celle observée aux USA, où 330 000
nouveaux par an sont détectés pour la forme précoce de la maladie. Dans l'hémisphère Nord, c'est la zoonose (maladie
transmise de l’animal à l’homme), la plus fréquente. Avec, à titre de
comparaison, une
prévalence de nouveaux cas annuels 6 à 8 fois plus élevée que celle du SIDA.
Une grande partie du problème réside dans la
difficulté à diagnostiquer la maladie, notamment dans sa forme chronique. Ceci se traduit par des errances thérapeutiques qui
peuvent parfois être extrêmement longues, avec des signes cliniques souvent complexes à évaluer, les diagnostics sérologiques étant peu fiables.
La situation se complique du fait qu'en général une tique, en même temps que Borrelia, injecte d'autres pathogènes. Ces derniers peuvent-être eux mêmes des bactéries (Bartonella, Rickettsia, etc.), des parasites
(notamment Babesia), voire des virus,
comme celui de l’encéphalite à tiques.
Une récente publication de la revue Nature Scientific Reports, indique que 65% des patients souffrant d'une maladie véhiculée par les tiques doivent se défendre simultanément contre au moins deux pathogènes, voire plus. Pour une majorité de patients la co-infection semble donc être la règle, et non pas l’exception.
Une récente publication de la revue Nature Scientific Reports, indique que 65% des patients souffrant d'une maladie véhiculée par les tiques doivent se défendre simultanément contre au moins deux pathogènes, voire plus. Pour une majorité de patients la co-infection semble donc être la règle, et non pas l’exception.
Beaucoup de ces pathogènes ont des cycles
de multiplication assez lents, rendant difficile leur détection par le système immunitaire. Les patients s'enfoncent alors dans une maladie difficile à diagnostiquer et à guérir, avec de fréquentes et douloureuses rechutes.
Le cumul annuel du nombre de nouveaux cas chroniques, lié à la
difficulté de disposer d’un traitement court et adapté, a également une incidence socioéconomique certaine.
La guérison nécessitera probablement une poly-antibiothérapie longue, comme est venu le présenter l'éminent Professeur d’infectiologie, le Pr. Zang, de l’Université Johns Hopkins de Baltimore (MD, USA), lors du colloque annuel de
la FFMVT qui s’est déroulé à Montpellier le 29 septembre 2018. Bien connu pour ses travaux sur les
mycobactéries responsables de la tuberculose, et la résistance de ces bactéries aux antibiotiques, il travaille également sur la maladie de Lyme depuis bientôt une dizaine d’années.
L’année 2017-2018 a vu se préciser, notamment grâce aux travaux du Pr. Aucott, la nature
exacte des symptômes de ce que les anglo-saxons appellent aujourd’hui le PTLDS (Post-Treatment Lyme Disease Syndrome), et qui correspond à
une rechute, avec une évolution vers la chronicité de la maladie, suite à un échec de réponse au
traitement initial.
Les principaux signes cliniques que l’on retrouve alors chez
les malades sont une triade de symptômes associés : des douleurs
ostéo-articulaires souvent migrantes d’une articulation à une autre ; des troubles importants de la mémoire ; et une fatigue
extrême qui ne permet plus d’activités professionnelle ou scolaire.
Il faut insister sur la
simultanéité de ces trois symptômes majeurs, souvent complétés
d’autres, qui varient d’un patient à un autre. Insistons aussi sur l’intensité de ces trois grands symptômes.
A titre d’illustration, ce sont des patients, qui par
exemple auront énormément de mal à monter un étage à pied, ou à tenir un crayon plus
d’une dizaine de minutes, alors qu’auparavant ils pratiquaient très
régulièrement du sport et de l'exercice.
Ce sont aussi des malades qui sont réveillés la nuit par
leurs douleurs ostéo-articulaires, et pour qui, le sommeil n’étant plus
réparateur, sont épuisés dès leur réveil.
Malades aussi, avec une élocution lente qui pour s’exprimer doivent rechercher leurs mots, ou qui sont dans
l’incapacité de répéter un numéro de téléphone ou de faire une simple
soustraction de tête, alors qu’auparavant ils exerçaient des fonctions de
responsabilités.
Il ne s’agit pas de signes cliniques anodins, ou de faible
intensité, mais bien d’atteintes majeures et chroniques, touchant simultanément
trois, voire plus, des grandes fonctions physiologiques humaines.
Rappelons que l’ensemble de ces données est connu depuis
plus de trente ans, comme en atteste un reportage du journal télévisé d'Antenne
2, couvrant les Entretiens
de Bichat d'octobre 1987.
Dans la rédaction des nouvelles
recommandations de bonnes pratiques en matière borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques, la Haute
Autorité de Santé a fait le choix de faire un pas important dans la prise en charge des
malades chroniques atteints de cette maladie.
En effet, ce tableau classique défini par les médecins américains sous la dénomination de PTLDS et rencontré après un
échec thérapeutique, se voit aussi très fréquemment en Europe chez des
personnes qui, suite à une piqûre de tiques, n’ont pas présenté le tableau
initial classique de réponse aiguë de borréliose de Lyme (auréole mauve de
l’érythème migrant, symptômes pseudo-grippaux accompagnés
de douleurs transitoires).
Ces patients, chez lesquels le système
immunitaire n’a pas, ou peu, réagi lors de l’entrée de Borrelia et de ses co-infectants dans l'organisme, n’ont donc
pas bénéficié d’une prise en charge médicale précoce avec traitement
par antibiotique.
D'autant plus, que bien souvent la piqûre de tique, a fortiori lorsque l'arthropode est de petite taille (nymphe d'un millimètre de diamètre), peut passer totalement inaperçue.
D'autant plus, que bien souvent la piqûre de tique, a fortiori lorsque l'arthropode est de petite taille (nymphe d'un millimètre de diamètre), peut passer totalement inaperçue.
Néanmoins, plusieurs mois, voire plusieurs années
plus tard, tout comme chez les patients en rechute, le(s) pathogène(s) auront
disséminé dans l'organisme et le malade présentera alors une
symptomatologie en
tous points identique à celle du PTLDS.
La Haute Autorité de Santé a décidé d’une prise en charge de ces patients, définissant un Symptôme Persistant Polymorphe post-piqûre de Tique (SPPT), déterminé par une exposition aux tiques et un
syndrome polyalgique, des plaintes cognitives, et une asthénie, évoluant depuis
plus de 6 mois.
En effet,
aujourd’hui les tests sérologiques sont imparfaits et les connaissances épidémiologiques
incomplètes: clinique évocatrice de borréliose de Lyme avec des tests
négatifs, et clinique peu évocatrice de borréliose de Lyme avec des tests
positifs.
Les étiologies
peuvent être variées (borréliose de Lyme, ou pathologies voisines associées) et sont encore mal identifiées.
Une étude précise de la littérature médicale montre que moins de 50% des patients souffrant de la forme chronique de la borréliose de Lyme, même si leur état est amélioré par antibiothérapie, guérissent définitivement de la maladie, actuellement.
Une étude précise de la littérature médicale montre que moins de 50% des patients souffrant de la forme chronique de la borréliose de Lyme, même si leur état est amélioré par antibiothérapie, guérissent définitivement de la maladie, actuellement.
Mais le 14 novembre 2018 est un coup de tonnerre, avec la publication par le Ministère de la Santé des USA (U.S. Department of Health and Human Services) du rapport du groupe d’étude, qui pendant une année
a travaillé sur la maladie de Lyme. Rapport qu’il transmet au Congrès américain
pour prendre des mesures adaptées.
Si la prise une
charge des patients présentant un SPPT est une avancée du Plan national de lutte contre la maladie de Lyme débuté en septembre 2016, la faiblesse majeure de ce dispositif réside dans une absence
totale de budget dédié à la recherche sur cette pathologie en France. Ceci sera de nouveau vrai pour l’année 2019.
La teneur de cet épais rapport est en accord total avec les positions défendues
par la FFMVT, et mentionne fermement que
les distensions entretenues par certains sur la maladie de Lyme doivent cesser.
D’un point de vue médical, il est précisé qu’un certain
nombre de malades ne font pas d’érythème
migrant suite à l’infection ; que les
anticorps peuvent être produits en quantités trop faible pour être détectées
par les tests actuels ; que les tests sérologiques n’étant pas
standardisés conduisent à des résultats variables.
L'existence de la maladie de Lyme
chronique est indubitable ; avec des symptômes variés, dominés par la triade telle
que décrite par la HAS, ou dans le PTLDS. Cette forme résiste aux traitements
antibiotiques standards d’un mois. Il est urgent de réaliser de nouveaux essais
cliniques pour développer des traitements efficaces.
Le rapport
fait de nombreuses recommandations. Ce qui y est souligné avec le plus
d'insistance est la nécessité et
l'urgence de renforcer l'effort de recherche sur la maladie de Lyme.
C’est à ce niveau que BIOTIQUE souhaite se positionner. La détresse des malades ne peut attendre. Dès 2019, le Fonds de RECHERCHE BIOTIQUE va soutenir la recherche médicale sur les maladies transmises par les tiques, avec des financements qu'elle aura recueillis, sans attendre le jour où des financements publics prendront le relais.